Burkina Faso : Soulagement après la libération de deux journalistes requis pour le front
Ouagadougou, Burkina Faso – Un vent de soulagement a soufflé sur la communauté médiatique et la société civile burkinabè suite à la libération de Poussi Sawadogo et Inoussa Ouédraogo, deux journalistes de la télévision privée BF1, qui avaient été réquisitionnés de force pour rejoindre le front dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Leur libération, intervenue après plusieurs semaines de mobilisation et d'inquiétude, marque la fin d'une période de tension pour la profession et pose à nouveau la question de la liberté de la presse dans un contexte sécuritaire tendu.
Poussi Sawadogo, rédacteur en chef de BF1, et Inoussa Ouédraogo, caméraman pour la même chaîne, avaient été visés par un arrêté de réquisition générale, une mesure exceptionnelle décrétée par les autorités de la transition pour enrôler des citoyens dans l'effort de guerre. Cette décision avait provoqué une levée de boucliers au sein des organisations de journalistes, des défenseurs des droits humains et d'une partie de l'opinion publique, qui y voyaient une atteinte grave à l'indépendance de la presse et une tentative d'intimidation.
Plusieurs voix s'étaient élevées pour dénoncer le caractère arbitraire de cette réquisition, arguant que les journalistes, par leur métier, sont déjà en première ligne pour informer sur le conflit et que leur place n'est pas sur le champ de bataille, mais bien auprès des populations pour documenter la réalité et éclairer le débat public. La Coordination des Associations de Presse (CAP) du Burkina Faso avait notamment joué un rôle central dans la mobilisation, multipliant les appels aux autorités et les actions de sensibilisation pour obtenir leur libération.
La nouvelle de leur renvoi du front et de leur retour à Ouagadougou a été accueillie avec joie et un profond soulagement. Si les détails précis de leur libération n'ont pas été entièrement divulgués, il est clair que la pression nationale et internationale a joué un rôle déterminant. Cette affaire souligne les défis auxquels sont confrontés les médias dans un pays en proie à une crise sécuritaire majeure. La lutte contre le terrorisme est une priorité absolue pour le Burkina Faso, mais elle ne doit pas se faire au détriment des libertés fondamentales, et notamment de la liberté d'informer.
Cet épisode rappelle également l'importance d'un dialogue constant entre les autorités et les acteurs de la presse pour garantir que les mesures d'exception ne servent pas à museler les voix critiques ou à instrumentaliser les médias. La présence de journalistes indépendants est essentielle pour assurer la transparence, la redevabilité et pour maintenir un lien vital entre les citoyens et les réalités du terrain.
Alors que Poussi Sawadogo et Inoussa Ouédraogo retrouvent leurs familles et leurs postes, leur cas restera un rappel poignant de la fragilité de la liberté de la presse et de la nécessité de la défendre inlassablement, même et surtout dans les moments de crise. La vigilance reste de mise pour que de telles situations ne se reproduisent pas et que les journalistes burkinabè puissent continuer à exercer leur profession en toute indépendance et sé
curité.